Le furon et le pari de l’intelligence
ce dimanche, je suis retourné me promener au bord du furon à
sassenage pour voir où en étaient le frai des truites et l’avancement des
travaux. Je vous en fais donc un petit compte rendu.
Depuis un peu plus d’un an maintenant, la rivière subit de
profonds bouleversements sur le secteur qui s’étend de l’école Vercors au seuil
se trouvant derrière le stade de foot. Ces travaux ont pour but de rehausser et
de sécuriser les berges, qui paraît-il présenter des risques pour les riverains
en cas de crue. A l’occasion de ces travaux, certains aménagements ont été
réalisés pour faciliter les remontées des truites. Ceux qui fréquentent le
secteur ont donc pu constater l’ampleur des travaux : la rivière a été salement
secouée. Son lit a été poussé à droite puis à gauche, elle a été canalisée dans
les tuyaux, et puis des engins de terrassement ont œuvré très régulièrement
dans son lit, rendant l’eau complètement opaque. Il n’y a que le week-end, à
l’arrêt des travaux, que la rivière redevenait claire, laissant apparaître un
lit complètement recouvert de sédiments dans les zones calmes.
Bien sûr, les truites se moquent complètement de ces travaux
et l’instinct de reproduction les a poussés à remonter en 2015 comme toujours
sur leurs zones de frayère. Cette cuvée 2015 a je pense été complètement
détruite. Du reste, les géniteurs avaient du jour au lendemain complètement
disparu. Des mauvaises langues ont dit que c’était l’œuvre des ouvriers
travaillant sur le chantier trop tentés par cette pêche facile qui s’offrait à
eux. D’autres ont dit que l’aappma a prélevé les poissons pour les protéger de
« pêcheurs » peu consciencieux et les a réintroduits ailleurs (?). Et puis
les travaux se sont poursuivis en 2016. Il est quand regrettable que la pêche
n’ait pas été fermée sur ce secteur, alors que les malheureux poissons encore
présents sur place avaient déjà fort à faire pour se nourrir, respirer et
éviter de se faire transformer en limandes par les roues des engins.
Toujours cet instinct de reproduction en 2016 : les truites
sont de nouveau montés et ont pu découvrir cette nouvelle rivière qu’on leur
avait construite. Je n’ai pas encore vu de très gros poisson, mais j’ai pu
constater l’efficacité des passes à poissons. Des truites et des zones grattées
sont visibles sur des zones amonts qui étaient auparavant difficilement
accessibles. Cela est de bon augure pour les saisons suivantes.
Dimanche dernier, la 1re bonne surprise a été de
constater que la dernière passe à poissons encore en chantier est maintenant
achevée. Il n’y a donc plus d’engins de terrassement dans la rivière. Le
chantier sur les berges n’est pourtant pas complètement terminé. Certaines
zones ne ressemblent à rien…
pas beau ça??
et ça?
Ce dimanche, je n’ai pas vu beaucoup de poissons. 1 belle
truite morte, signe que le frai commence à toucher à sa fin, 1 autre beau
poisson, bien vivant celui-là, qui devait allègrement dépasser les 50 cm et pas
grand-chose d’autre. Le vent rendait la visibilité difficile mais j’aurais dû
en voir plus.
zones de ponte bien marquées
ce fut sa dernière remontée...
J’ai eu l’explication en remontant le long de la rivière : j’ai
rattrapé 1 groupe de promeneurs avec 3 ou 4 chiens. Les maîtres s’amusaient à leur jeter des branches dans l’eau, que les braves bêtes se faisaient un devoir de
ramener au prix d’une baignade bien fraîche.
J’hésite : ni les maîtres, ni les chiens ne sont au courant
de ce qui se passe en ce moment sous l’eau. Faut-il aller leur expliquer ?
Est-ce que cela ne ferait pas courir un risque encore plus grand aux poissons ?
Je préfère continuer. Puis en revenant sur mes pas, je vois 2 cavaliers faire
marcher leurs chevaux dans le lit de la rivière, sur ce qui est pour moi la principale
zone de frai. Le passage de ces 2 chevaux a sûrement fait beaucoup plus de mal
que les toutous. Je suis donc allé leur parler, en leur montrant les frayères.
Comme je m’y attendais, ces personnes ignoraient complètement ce qui se
passait, et semblaient sincèrement désolé de leur geste. Ils m’ont expliqué qu’ils
avaient l’habitude d’entraîner très souvent leurs chevaux à marcher dans l’eau
à cet endroit-là, car l’eau est claire, pas trop haute avec 1 fond couvert de
petits cailloux. Une frayère à truites quoi ! En tout cas ils m’ont remercié de
leur avoir expliqué cela et m’ont assuré qu’ils ne le feraient plus pendant la
période de reproduction.
Cette petite histoire soulève de nouveau la question :
est-ce qu’il vaut mieux informer avec des panneaux par exemple, puis compter
sur l’intelligence de chacun ou au contraire éviter d’en parler afin de
protéger les géniteurs ?
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