Bonjour à tous,
Ayant eu l’opportunité d’aller au Japon pour une réunion de
travail, je me suis mis en tête l’idée de prendre une journée pour aller pêcher
là-bas, en plus de quelques visites. Voici un petit retour de cette tentative.
Juillet 2018 : je suis notifié qu’un projet préparé en coordination
Europe et Japon a été retenu suite à un appel d’offre. Plusieurs déplacements
au Japon seront prévus pour des points d’avancement réguliers. Je me renseigne alors
naturellement à droite à gauche sur la pêche au Japon. A première instance c’est
relativement compliqué de trouver des informations, surtout que je ne connais
pas spécialement ce pays au-delà de la culture populaire (cuisine, mangas, jeux
vidéos et bizarreries culturelles rapportées dans le petit journal). Ma priorité
va vers la pêche au saumon, je retombe régulièrement sur quelques sites qui
indiquent que la pêche au saumon est quasiment fermée partout. Ça commence mal.
Beaucoup de liens sur les pages web sont morts où me renvoient vers des pages
exclusivement en japonais. Merci Google traduction ! Mais cela ne suffit
pas toujours. Je retiens un site, http://www.salmon.jp/english-information
et je comprends que la saison est plutôt tardive pour les espèces de saumons
typique du pacifique que l’on trouve sur cette rivière. Je sollicite le forum
du club des saumoniers, sans avoir plus d’informations mais quelques messages
quand même. Je mets de côté. Mon premier déplacement est prévu pour Avril 2019,
je tenterais ce que je peux.
Jour 1 : atterrissage à Tokyo, je prends contact avec
mon pays hôte. Quel dépaysement ! Avec beaucoup de chance, les cerisiers
sont encore en fleur et offrent un paysage magnifique.
Je suis venu sans
affaires de pêche finalement, avec l’objectif de me demerder sur place, l’idée
derrière la tête étant d’acheter une canne Tenkara. Cela faisait quelque temps
que je voulais m’y mettre pour la pêche des torrents de montagnes. Je suis
assez septique pour son utilisation en rivière, mais il est vrai que son faible
encombrement et la facilité de déploiement de la canne et ligne sont plus appropriés
pour la montagne. Je loge à Fujisawa dans la banlieue de Tokyo. En arrivant en
bus, je m’aperçois que ça ne va pas être simple : les rivières, plutôt
nombreuses, sont canalisées avec des digues à 90° ! Je pense faire une
croix sur le street fishing L
Jour 4 : mes réunions de travail sont terminées, je
commence mes congés sur place. Je repère plusieurs magasin « mouche »
en ville. Le premier près de la « sky tower » dans le quartier ou
ville de Taitö est en fait plus orienté sur le montage de cannes en bambou et
ne propose pas de cannes Tenkara (http://www.fly-tsuruya.co.jp/).
Je discute néanmoins avec les charmant propriétaires et je remets la quête de
la canne à plus tard.
Jour 5 : je trouve un magasin dans le quartier de
Shibuya, qui possède entre autre le carrefour piéton sans doute le plus impressionnant
du monde où 3000 personnes changent de rues toutes les trois minutes, soit deux fois la population du village ou j'ai grandi, et ce sans
accrocs avec cette fameuse discipline locale.
Le magasin, http://shibuya.sansui1902.jp/, propose un étage dédié à la mouche où je trouverais de tout, avec des cannes allant de 5 pieds à des cannes à deux mains de plus de 17 pieds. Je trouve mon bonheur avec une belle canne Tenkara ayant un prix abordable. Dans le reste du magasin, je ne suis pas dépaysé puisque le matériel de montage et les marques de cannes sont sensiblement les mêmes que chez nous. Je suis néanmoins admiratif par tout ce qui est proposé et bien ordonné dans le magasin qui malgré une surface relativement faible et très complet grâce notamment a des systèmes de rangement astucieux. J’en profite pour prendre trois matériaux de montage qui ont des couleurs inédites pour le réservoir (je n’en dirais pas plus). Je prends un bas de ligne pour la canne, qui ressemble à une queue de rat tissée, un peu de fil et je demande trois mouches. Le vendeur, très consciencieux et appliqué m’a indiqué comment utiliser la canne, la nettoyer et relier le bas de ligne au scion. Il a vraiment pris le temps de bien montrer, j’ai beaucoup apprécié. J’en ai profité pour demander s’il connaissant un parcours dans la région ou je pouvais pratiquer, il m’a alors donné une brochure sur un coin dédié au Tenkara : http://yozawa.jp/. Quel bonheur !
Jour 6 : nous sommes dimanche et avant de partir
chasser les harajuku girls, pratiquantes de cosplay je me renseigne sur le
parcours indiqué par le magasin la veille. Je déchante un peu, le parcours est
à 3h30 de train de mon hôtel auquel il faut ajouter un trajet en bus, qui me
semble des plus hasardeux (pas d’horaires ni numéro de ligne). Au retour de le soir,
je prends le temps de cartographier tous les endroits qui me semblent possibles
pour la pêche Je me rends compte assez vite qu’il y a deux types de parcours :
les parcours loisirs et les parcours sportifs.
Les parcours de loisir sont typés safari, les rivières sont aménagées
en paliers d’une dizaine de mètres de longueur et gavées de truites portions
que l’on pourra faire griller dans la foulée via les aménagements prévus (BBQ,
tables de picnic) avec sa famille et ou ses amis. Par example :
- https://tokyogrown.jp/en/special/activity/detail?id=572176
- http://www.ohtabaturiba.com/
- https://tokyogrown.jp/en/special/activity/detail?id=572189
- http://kosugejapan.com/archives/524
Les parcours sportifs sont plus proches de ceux que l’on
connait, même si la pratique de no-kill ne semble pas généralisée. On y
pratique en petit comité et l’on va chercher la qualité dans la manière et le
poisson. Nombreux de ces parcours sont référencés par le club de pêche à la
mouche de Tokyo : https://tokyoflyfishing.com/
Malheureusement je ne trouve pas grand-chose à moins de deux
heures de train de mon hôtel, sauf ce site a force de recherche sur google maps :
http://www.forest-springs.com/kaisei/.
Ce sera donc ma destination.
Jour 7 : je prépare mon matériel et file à la gare.
Tant que j’ai du réseau, je prends soin de faire traduire un petit message de présentation
et une demande de droit de pêche pour la journée. J’ai une heure trente environ
de train jusqu’au parcours, puis dix minutes de marche. Au fur et a mesure que
le train s’éloigne de Tokyo, on prend contact avec la nature en quittant cette
métropole de 43 millions d’habitants !!! Les petits champs cultivés
replacent l’urbanisation et le mont Fuji devient également de plus en plus
visible, sortant de la brume (cherchez sur la photo ci-dessous).
Me voilà enfin arrivé, direction le parcours. Je passe
au-dessus d’une rivière assez grande auparavant, où l’eau est relativement claire
mais je ne vois pas de poissons à part deux carpes qui étaient en bordure.
Arrivé au parcours, celui-ci me semble plus intéressant qu’en photo via le web et je vois en particulier de nombreux gobages à la surface
ainsi que des dorsales qui sortent de l’eau par endroits, je me réjouis d’avance.
Au guichet, je j’aperçois un immense rayon de cuillères ondulantes, très
petites et légères avec hameçon simple sans ardillons. J’avais déjà vu les
mêmes leurres dans les autres magasins que j’avais visité, j’admire la
technique et si seulement l’hameçon simple sans ardillons pouvait être le
standard en Europe, on arrêterais sans aucun doute de voir des poissons à la
gueule arrachée ou mutilés dans nos rivières ou dans les parcours qui
autorisent le leurre comme à Barrouchat où il semblerait que le taux de
mortalités soit conséquent.
Un panneau annonce les espèces de salmonidés, elles sont
nombreuses et correspondent à ce que j’avais lu avant mon départ :
- Truites arc-en-ciel et fario, importés semble-t-il, avec quelques variantes telles que steelhead, donaldson et kamloop (Oncorhynchus mykiss et Salmo trutta)
- Iwana (omble à points blanc)
- Yamane (Oncorhynchus masou masou, tacon du « cherry salmon » ?), natives de l’île. Le Yamane a des couleurs magnifiques dans sa première forme (Oncorhynchus masou masou) puis deviens argenté au primtemps ce qui lui vaut le nom de « fleur de cerisier »
- Le saumon de fontaine (Salvelinus fontinalis)
- Le huchon japonnais (Parahucho perryi), qui semble être un Taïmen. Il est classé en danger critique d’extinction
Le gestionnaire du site arrive et je lui tends alors fièrement
ma traduction sur mon téléphone. Celui-ci pousse alors de « hum hum »,
je m’inquiète. Il finit par me dire « no tenkara ». Aîe, c’était le
risque. Il me montre les panneaux à l’extérieur où sont illustrés une canne "spinning" et une canne mouche classique et me répète « no tenkara ».
J’avais bien compris. Ben tant pis, ce ne sera que partie remise pour ma
prochaine visite, où ce coup-ci je serais mieux préparé. J’ai admiré pendant
les jours précédents la discipline et le respect Japonais, cela c’est un peu
retourné contre moi ce jour mais la ballade n’était pas perdue, j’en profite
pour me promener à pied dans l’arrière-pays.
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